En ville, la pollution de l’air se porte bien, mais pas les habitants…

Evaluer les effets de la pollution de l’air des villes sur la santé des habitants, tel est le but du programme européen Aphekom dont les premiers résultats ont été publiés en 2011. Aphekom revient avec de nouveaux chiffres rendus public lundi 10 septembre par l’Institut national de veille sanitaire (InVS). Cette fois-ci, ils concernent neuf villes françaises. Conclusion, les niveaux de pollution observés ont un impact important sur la santé des citadins de France.
Neuf villes françaises ont alimenté en données le programme européen Aphekom qui signifie « Improving Knowledge and communication for Decision Making on Air Pollution and Health in Europe ». Bordeaux, Le Havre, Lille, Lyon, Marseille, Paris, Rouen, Strasbourg et Toulouse ont collecté, entre 2004 et 2006, les taux moyens de particules en suspension (PM2,5 et PM10) et d’ozone pour estimer la qualité de l’air de leur agglomération.
L’étude Aphekom qui détermine l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique dans 25 villes européennes a également évalué cet impact en termes de mortalité et d’hospitalisations, et estime enfin les bénéfices économiques potentiels associés à une éventuelle amélioration de la qualité de l’air. A noter que les neuf villes françaises intégrées à Aphekom font également partie du Programme national de surveillance air et santé (Psas).
Ces villes présentent toutes, selon l’étude, des valeurs de particules et d’ozone supérieures aux valeurs guides recommandées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pendant la période 2004-2006, le niveau moyen de particules fines (PM2,5) a varié de 14 à 20 grammes par mêtre cube (μg/m3) selon la ville (valeur guide de l’OMS : 10 μg/m3) et la valeur guide journalière de l’ozone (maximum sur 8 heures : 100 μg/m3) a été dépassée de 81 à 307 fois pendant ces trois années.
Pour les auteurs de l’étude, améliorer la qualité de l’air aurait des bénéfices sanitaires et économiques substantiels. Ainsi, selon les calculs réalisés, l’espérance de vie à 30 ans pourrait augmenter de 3,6 à 7,5 mois selon la ville. Cela équivaut à différer près de 3.000 décès par an, si les concentrations moyennes annuelles de PM2,5 respectaient la valeur guide de l’OMS (10 μg/m3). Le bénéfice économique associé est estimé à près de 5 milliards € par an.
En outre, près de 360 hospitalisations cardiaques et plus de 630 hospitalisations respiratoires par an dans les neuf villes pourraient être évitées si les concentrations moyennes annuelles de PM10 respectaient la valeur guide de l’OMS (20 μg/m3). Le bénéfice économique associé est estimé à près de 4 millions € par an.
Et pour l’ozone ? Une soixantaine de décès et une soixantaine d’hospitalisations respiratoires par an dans les neuf villes pourraient être évités si la valeur guide de l’OMS pour le maximum journalier d’ozone (100 μg/m3) était respectée. Le bénéfice économique associé est estimé à près de 6 millions € par an.
Des résultats qui confirment que les effets de la pollution atmosphérique sur la santé sont observés au jour le jour, pour des niveaux moyens de particules fines, en l’absence même de pics de pollution.
Alors que l’Europe et les Etats membres travaillent à la révision de la directive européenne sur la qualité de l’air prévue en 2013, le projet Aphekom -dont le but est d’aboutir à une réglementation plus protectrice pour la santé de la population-, préconise de diminuer davantage les niveaux de particules fines dans l’air des villes européennes. Une décision qui entraînerait un bénéfice non négligeable en termes d’augmentation de l’espérance de vie et de réduction des coûts pour la santé.
L’étude constate également que le fait d’habiter à proximité du trafic routier augmente sensiblement la morbidité attribuable à la pollution atmosphérique.

Le 11 septembre 2012 par Geneviève De Lacour

source : Journal Environnement


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