Étude exploratoire : influence des conditions environnementales sur les concentrations en H2S liées aux échouements de sargasses en Martinique

Depuis plus de dix ans, la Martinique fait face à des échouements massifs de sargasses. Leur décomposition libère du sulfure d’hydrogène (H2S), un gaz toxique pouvant avoir des impacts sanitaires pour les populations riveraines.

Afin de mieux comprendre ce phénomène et d’anticiper les pics de pollution, Madininair a été mandaté par la DEAL, en partenariat avec l’ARS, pour conduire une étude exploratoire sur l’influence des conditions environnementales dans l’émission d’H2S.

Une analyse rétrospective sur quatre années

L’étude s’appuie sur les données recueillies entre 2018 et 2022, en croisant :
les mesures de concentrations en H2S issues du réseau de capteurs fixes de Madininair,

  • les données météorologiques de Météo-France,
  • les données de marée fournies par le SHOM,
  • ainsi que le suivi photographique des nappes de sargasses réalisé via les caméras SolarCam, en partenariat avec le BRGM.

Le site de Frégate-Est 2 (Le François) a été choisi comme site d’étude principal : il concentre le plus grand nombre de dépassements des seuils réglementaires et dispose à la fois d’un capteur fixe et d’un suivi photographique.

Résultats principaux

  1. une corrélation positive entre la hauteur de marée et les concentrations en H2S, suggérant que l’humidification des algues favorise la décomposition et les émissions de gaz,
  2. une corrélation avec la température de l’air, indiquant des concentrations plus élevées lors des périodes chaudes,
  3. le rôle du vent, qui n’influence pas directement l’émission de H2S mais conditionne fortement sa dispersion,
  4. des résultats plus incertains concernant d’autres paramètres (précipitations, humidité relative, insolation), qui nécessitent des approfondissements.

Indicateurs à Frégate-Est 2 (2018-2022)

  • 43 % de dépassements du seuil journalier de 1 ppm,
  • 4 % de dépassements du seuil journalier d’alerte de 5 ppm,<
  • avec des valeurs maximales pouvant atteindre 9,5 ppm sur une journée.

Limites et perspectives

Limites méthodologiques

  • les données météorologiques et marines utilisées proviennent de stations parfois éloignées du site étudié,
  • les surfaces de nappes de sargasses calculées par algorithme ne tiennent pas toujours compte des algues réellement en décomposition,
  • l’analyse est centrée sur un seul site, dont la morphologie littorale est particulière.

Néanmoins, ces résultats apportent des éléments précieux pour anticiper les épisodes de pollution et mieux alerter les populations exposées.

Recommandations de Madininair

  • installation de stations météorologiques plus proches des zones d’échouement,
  • poursuite des études sur d’autres sites,
  • suivi renforcé des interactions entre conditions environnementales et concentrations de gaz.

Une expertise locale au service de la santé publique

Cette étude illustre le rôle de Madininair en tant qu’observatoire de la qualité de l’air en Martinique : associer expertise scientifique et outils de terrain pour contribuer à la compréhension des phénomènes locaux et renforcer la protection sanitaire des habitants.


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