La pollution atmosphérique réduit l’espérance de vie

Une nouvelle étude américaine, publiée dans la revue Epidemiology, montre que réduire la pollution de l’air par les particules fines, même faiblement, accroît l’espérance de vie.

Réalisée par des chercheurs de l’école de santé publique de Harvard (HSPH), l’étude offre une nouvelle raison à la nécessaire réduction de la pollution atmosphérique, qui touche tous les pays du monde où l’automobile a droit de cité, à commencer par la France.

A Paris, par exemple, un rapport publié le 4 décembre par Airparif montre que les seuils recommandés pour le dioxyde d’azote (NO2), les particules (PM 2,5 et PM 10) et le benzène, sont largement dépassés dans un rayon de 40 mètres autour d’un axe routier. Cela représente 125 écoles, 85 crèches, 66 hôpitaux et 36 établissements pour personnes âgées, fragilisant du même coup des milliers de personnes.

La bonne nouvelle, c’est qu’il suffit de réduire la pollution pour améliorer la santé, et prolonger l’espérance de vie. « Malgré le fait que la population américaine est moins exposée à la pollution atmosphérique qu’il y a 30 ans, des efforts supplémentaires pour la réduire améliorerait encore la santé publique », a en effet conclu Andrew Correia, doctorant au département des biostatistiques à la HSPH.

Les chercheurs américains se sont focalisés sur les effets sur la santé des PM 2,5, les particules fines dont le diamètre est inférieur ou égal à 2,5 micromètres.

De nombreuses études ont déjà établi leur lien avec les maladies cardio-pulmonaires. Mais cette nouvelle étude, publiée le 3 décembre, avait un autre objectif : voir si de faibles réductions de la pollution atmosphérique, enregistrées aux Etats-Unis dans les années 2000, agissaient aussi sur l’espérance de vie, comme c’était le cas dans les années 1980, lorsque la pollution a fortement baissé.

La réponse est oui. Alors que la concentration en particules PM 2,5 s’est réduite de 10 microgrammes par mètre cube (10 μg/m3) entre 2000 et 2007, l’espérance de vie s’est allongée de à 0,35 année sur la même période dans les 545 comtés américains observés.

En fait, cette étude prolonge une recherche publiée en 2009 dans la revue médicale de la Nouvelle-Angleterre, qui montrait un allongement de l’espérance de vie dans 211 comtés urbains. Cette nouvelle publication a élargi le territoire à 2,5 fois plus de comtés, qu’ils soient urbains ou ruraux. Logiquement, l’impact d’une réduction de la pollution est plus important dans les zones fortement urbanisées. Plus étonnant, elle joue plus sur la santé des femmes que celle des hommes, relèvent les auteurs.

L’adoption de mesures visant à réduire la pollution atmosphérique, engagée dans les années 1970 outre-Atlantique, a conduit à améliorer la qualité de l’air, ce qui équivaut à 25 milliards de dollars (19 Md€) par an, selon l’agence américaine de l’environnement (EPA). « Cette étude apporte des preuves solides que la poursuite de la réduction de la pollution aux particules PM 2,5 améliore largement l’espérance de vie », a conclu l’une des auteurs, Francesca Dominici, professeure de biostatistiques à la HSPH, qui renvoie la balle aux autorités publiques.

Le 05 décembre 2012 par Stéphanie Senet

source : Journal Environnement

Plus d’infos :

http://journals.lww.com/epidem/Abstract/publishahead/Effect_of_Air_Pollution_Control_on_Life_Expectancy.99448.aspx


http://www.airparif.asso.fr/_pdf/publications/prox-vgc-rapport_121205.pdf


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