Préserver la qualité de l’air après le confinement : un enjeu de santé publique

L’ESSENTIEL :
• Le confinement a eu un impact positif sur la qualité de l’air grâce à la diminution de certaines sources de pollution ;
• Déconfinement et préservation de la qualité de l’air ne sont pas incompatibles grâce, entre autres, aux mobilités actives facilitant la distanciation physique et bonnes pour la santé et la qualité de l’air ;
• Les automobilistes dans l’habitacle de leur voiture sont plus exposés à la pollution de l’air que les cyclistes et les piétons ;
• Plusieurs études montrent une aggravation des pathologies du COVID-19 liée au niveau de pollution de l’air ;
• La problématique de la qualité de l’air doit rester une préoccupation permanente pour « le monde d’après ».

Etat de la qualité de l’air pendant la période de confinement

Les Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (dont Madininair) ont observé que le confinement a eu un impact positif sur la qualité de l’air1.
Elles ont mesuré une baisse des oxydes d’azote (NOx), traceurs de la pollution routière2. Cependant, des concentrations en hausse de particules fines ont été détectées par les AASQA dans certains territoires. En effet, dans l’air ambiant, les particules en suspension ne sont pas uniquement rejetées par les pots d’échappement des véhicules mais ont des origines plus variées (industrielles, agricoles, chauffage dont chauffage au bois, chantiers, naturelles (feux, poussières sahariennes, pollens, érosion des sols), etc.) avec également des phénomènes de transfert à large échelle et de réactions chimiques dans l’atmosphère.

Conseils pour un déconfinement qui préserve la qualité de l’air et sa santé

A la suite du déconfinement prévu dans les prochains jours, la reprise de l’activité peut, selon la météo et l’intensité des sources d’émission, dégrader la qualité de l’air et augmenter l’exposition à la pollution. Mais il est possible de « se déconfiner » en préservant, à la fois, sa santé et la qualité de l’air tout en respectant les mesures barrières et de distanciation physique [1]

Les bénéfices des transports actifs comme le vélo, la trottinette, la marche…
Les mobilités actives ont plusieurs avantages. Elles favorisent la distanciation physique. Leur usage nécessite un coût financier moindre que la voiture.
Elles permettent de pratiquer une activité physique et de bénéficier de ses impacts positifs : réduction des risques d’apparition des principales pathologies chroniques (tels que le cancer, les maladies cardiovasculaires ou le diabète) et de l’ostéoporose, amélioration de la santé mentale (anxiété, dépression), réduction du risque de surpoids chez l’adulte et l’enfant…
Leur pratique permet de diminuer son exposition à la pollution atmosphérique, de ne pas générer de pollution ou de ne pas amplifier d’éventuels pics de pollution.
Il est possible de se renseigner auprès de sa mairie ou communauté d’agglomération pour connaître les mesures prévues pour faciliter les mobilités actives.

Limiter l’usage de la voiture
Comme l’a montré l’impact positif du confinement sur la qualité de l’air : limiter l’usage de la voiture permet de réduire les émissions et son exposition individuelle et collective à la pollution de l’air.
Plusieurs études des AASQA comparant la qualité de l’air dans différents moyens de transport ont montré que les automobilistes sont plus exposés à la pollution de l’air que les piétons et les cyclistes, car à l’intérieur des véhicules, le faible volume d’air dans l’habitacle concentre les polluants venant de l’extérieur et ceux émis dans le véhicule.

Chez soi et au bureau : renouveler l’air : LE bon geste

Pour limiter la transmission du virus COVID-19, il est conseillé de désinfecter régulièrement avec des produits dont certains peuvent être irritants. L’usage de sprays désinfectant ou assainissant peut également utilisé dans la même optique. Ces produits peuvent dégager des émissions dans l’air très nocives pour la santé.
Rappelons que le propre n’a pas d’odeur et qu’il est vivement conseillé d’aérer [2] en faisant un courant d’air pendant au moins 10 min par jour. Pour préserver l’air intérieur, des produits moins polluants, labellisés « air intérieur » et sans solvant sont conseillés.

Masques barrières vs masques « antipollution »
Dans la lutte contre la transmission du COVID-19, les masques sont préconisés par les autorités car ils ajoutent une barrière physique lorsque vous êtes en contact avec d’autres personnes. Les masques barrières ne peuvent pas être assimilés à des masques antipollution.
Dans son étude sur l’intérêt de recommander à la population le port d’équipements de protection individuelle en 2018, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a conclu à l’insuffisance de données disponibles, notamment en conditions réelles d’utilisation, pour attester d’un bénéfice sanitaire lié au port de masques antipollution par le grand public et pointé l’insuffisance de données disponibles attestant d’un bénéfice pour la santé.

Préserver la qualité de l’air : un enjeu pour l’après COVID

Lorsque nous sortirons de cette crise du COVID, il ne sera plus possible de continuer d’accepter longtemps de respirer un air sale.
Pollution de l’air et santé sont étroitement liées : comme le montrent de très nombreuses études.
Deux études de l’université d’Harvard publiée le 5 avril 2020 et de l’université Martin-Luther University Halle-Wittenberg publiée le 11 avril 2020 montrent que l’exposition à la pollution de l’air pourrait accroître les risques de décès chez les personnes qui contractent le COVID-19. Or le trafic routier est une source importante d’émission de polluants atmosphériques. Si les usagers utilisent davantage leurs voitures pour respecter la distanciation sociale, l’augmentation du trafic routier augmentera les émissions polluantes.
La pollution de l’air provoque chaque année le décès prématuré de 48 000 personnes en France selon Santé Publique France.
En juillet 2015, une commission d’enquête du Sénat a estimé a minima le coût non-sanitaire de la pollution atmosphérique à 4 milliards d’euros par an et le coût sanitaire, entre 68 et 97 milliards d’euros par an.
Le 30 avril 2020, des chercheurs du Centre for Research on Energy and Clean Air ont calculé que le confinement aurait permis d’épargner 11 000 vies en Europe grâce à la baisse importante de la pollution de l’air en Europe avec la mise en oeuvre du confinement pour lutter contre le COVID-19.

Oui, une meilleure qualité de l’air est possible en changeant nos pratiques, individuellement et collectivement, cette période de confinement nous en a apporté la preuve. Les AASQA et leur fédération sont prêtes à apporter leur expertise pour la construction du monde d’après le confinement pour aider à garder une meilleure qualité de l’air de manière pérenne dans nos villes, nos déplacements, notre espace de vie. Elles sont à la disposition de l’ensemble des parties prenantes : Etat, collectivités, acteurs économiques, associations et chercheurs, pour les accompagner dans l’intégration du cycle vertueux de la qualité de l’air dans les plans et programmes de dépollution en identifiant les sources de pollution, en observant la pollution respirée et en évaluant les expositions à la pollution de l’air extérieur et intérieur.

source : Fédération ATMO France


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